Dating: que faire quand votre relation amoureuse est source d'insécurités?
Je ne sais pas si c’est juste moi, ou peut-être mon algorithme, mais j'ai remarqué, ces derniers tem...
Je ne sais pas si c’est juste moi, ou peut-être mon algorithme, mais j'ai remarqué, ces derniers temps, que mes réseaux sociaux débordaientt de posts, de reels et autres contenus divers et variés dédiés aux relations amoureuses qui tombent dans l'anxiété relationnelle. Un terme dont j’ignorais tout il y a encore quelques semaines. J’ai demandé à mes copines, avec lesquelles je partage un groupe WhatsApp si c’était pareil pour elles. La première réponse a été la suivante : “Quelle question ! L’amour fait toujours ça !” Dubitative, j’ai donc décidé de m’adresser plutôt à des experts pour dissiper tous les doutes sur ce type de relation qui suscite tant de conversations en ligne (et hors ligne).
“L’attachement est un lien affectif qui se développe habituellement pendant notre enfance avec des figures de référence, telles que nos parents, nos frères et sœurs ou nos grands-parents. A l'âge adulte, notre partenaire rejoint ces figures, étant donné que c'est la personne avec laquelle nous partageons l’essentiel de notre temps et de notre intimité”, explique María Cordón, psychologue clinicienne spécialiste du genre. Aussi, la façon dont nous apprenons à les tisser définit, dans une certaine mesure, notre comportement futur dans nos relations (amoureuses, amicales, voire même professionnelles) et peuvent nous conditionner à développer un attachement “anxieux” ou “évitant”, en particulier en amour. “La façon dont nous avons été aimés influence notre attachement ultérieur, nos relations avec notre partenaire, nos amis... Il ne s’agit pas de quelque chose de statique et de fixe, les liens que nous avons tissés par la suite nous influencent également et peuvent nous aider à privilégier d’autres modèles de comportement dans nos relations avec les autres”, nuance Maria Cordón.
Comment savoir si j'ai tendance à développer un attachement anxieux (ou si c’est le cas de mon partenaire) ?
Les paramètres ne sont pas statiques et ne nécessitent pas d’être tous réunis, mais notre experte signale toutefois certains comportements caractéristiques qui peuvent être décisifs pour déterminer si nous faisons partie du premier ou du second groupe.
“Les personnes qui ont un attachement évitant ont tendance à éviter les engagements, les conflits et les responsabilités, mais aussi la satisfaction des émotions et des besoins de la personne à laquelle elles sont attachées. Cependant, elles ont également du mal à extérioriser leurs propres émotions ; ce n’est pas qu’elles ne les ressentent pas, leurs sentiments et leurs émotions sont bien présents, mais elles développent leurs propres mécanismes de ‘défense’ pour éviter d’établir une intimité. Par exemple, lorsque les choses commencent à bien se passer dans la relation, ils partent, ils espacent le temps de réponse aux messages ou aux appels s’ils sont à distance, ou maintiennent le contact avec d’autres personnes pour éviter une intimité exclusive, parfois sans être conscients de ces mécanismes. Tous ces comportements favorisent le maintien de leur zone de sécurité, qu’ils développent pour conserver à tout prix leur indépendance et éviter de souffrir dans le futur en s’attachant émotionnellement à l’autre.”
“Les personnes dont l’attachement est anxieux vivent la relation avec la peur constante de ne pas être à la hauteur, d’être vite remplacées et abandonnées. Elles développent donc des comportements d’hyper vigilance et sont attentives à tout changement dans la relation, aussi minime soit-il, sans penser que cette variation dans le comportement de leur partenaire est peut-être ponctuelle et motivée par d’autres facteurs. Par exemple : ‘Aujourd'hui, il ne m’a pas dit bonjour sur WhatsApp, je suis sûre qu'il m'aime moins.’ Les personnes concernées se sentent très mal à l’aise face à la possibilité d’avoir un désaccord avec leur partenaire ou d’exprimer leurs besoins, de peur que cela ne devienne un facteur déterminant dans la relation. Dans ce cas, elles développent des comportements de vérification pour s’assurer fréquemment que tout reste inchangé, que ‘mon partenaire m’aime’. Elles ont besoin de rechercher l’attention de l’autre et lorsqu’elles ne l’obtiennent pas, elles ont tendance à manifester des comportements de protestation, des actions typiques du malaise qu’elles ressentent.”
Une relation anxieuse-évitante peut-elle fonctionner ?
Celui ou celle qui dit que l’amour est une chose aisée ne s’est probablement jamais trouvé·e dans une relation anxieuse-évitante, quel que soit le côté de la relation. Illustrons ça par une étude de cas (certes fictive) : Sex And The City. Tout au long des six saisons, on assiste au parfait exemple d’une relation entre un attachement évitant et un attachement anxieux – pour celles et ceux qui connaissent la série, il n’est pas compliqué de deviner qui est qui. Carrie, cas typique d’attachement anxieux, exprime souvent son angoisse de voir la disponibilité émotionnelle de son partenaire devenir une constante, et pardonnera l’impardonnable pour éviter d’être “abandonnée”. De son côté, M. Big, cas typique d’attachement évitant, craint cette proximité émotionnelle et a tendance à éviter tout type de conversation impliquant la mise à nu de ses émotions pour ne pas se sentir vulnérable. Une dichotomie qui met quand même 94 épisodes à se résoudre.
Mais attention, les relations anxieuses-évitantes ne sont pas forcément un marathon de disputes et de malentendus ; elles peuvent même s’avérer très bénéfiques pour les deux partenaires. “Peut-être que si nous avons un attachement anxieux, le début ou certains moments de la relation avec un attachement évitant peuvent nourrir l’anxiété mais, si on le souhaite, la compréhension et le travail en commun encourageront les deux attachements à coexister et à développer un attachement plus sûr. En fait, l’un apprendra des lacunes et des besoins de l’autre et réfléchira sur les siens, de sorte qu’ils pourront s’apporter mutuellement”, affirme la psychologue, tout en soulignant qu’il ne faut pas comprendre l’attachement évitant ou anxieux comme quelque chose de rigide, ni justifier certains comportements en se cachant derrière ces étiquettes. “Un point aussi important que nécessaire est de tenir compte de la personne avec laquelle nous nous lions, si vous avez vraiment un attachement anxieux, la personne avec laquelle vous vous liez peut vous encourager à développer plus encore ce type de comportements. L’ambivalence et la relation par intermittence peuvent favoriser un attachement insécurisant, alors que dans un autre type de lien, vous seriez la personne la plus confiante du monde.
Le type de relations que nous établissons après notre enfance et l’identification de certains des problèmes que nous aimerions changer nous façonnent tout au long de notre vie et de nos relations. C’est pourquoi, comme le souligne notre experte, “le plus important est d’aborder ça en faisant preuve de compréhension, de communication et de compassion pour l’autre et pour soi-même, et de se mettre d’accord sur certains points au sein de la relation elle-même, par exemple en définissant des lignes directrices sur la manière dont une discussion doit être vécue. Il se peut que la personne souffrant d’un attachement anxieux ait besoin que tout soit clarifié et réglé sur-le-champ, alors que l’autre partie demande le contraire ; des accords peuvent être négociés. Par exemple : ‘Je vais partir maintenant parce que j’ai besoin de me calmer, mais je reviendrai plus tard pour parler de ce qui s’est passé.’ Quoi qu’il en soit, le plus important dans toute relation est toujours la responsabilité affective, le fait de se donner la priorité sans pour autant sous-estimer ses propres sentiments ou ceux de l’autre.” Pour reprendre l’exemple de Sex And The City, personne ne dit ça mieux que Samantha Jones : “Je t’aime, mais je m’aime encore plus.”
Initialement paru dans Vogue Espagne