Noor explore les maux du cœur dans un premier EP plein de finesse
“Je est un autre” disait le génie Rimbaud. Pourtant, Noor est pleinement elle-même tout en gardant l...
“Je est un autre” disait le génie Rimbaud. Pourtant, Noor est pleinement elle-même tout en gardant le don précieux de l'écriture. Un “elle” cabossé, introverti mais bel et bien présent pour nous livrer une émotion brute, de celles qui emportent et qui bouleversent. Quelques semaines après la sortie de son premier EP, Les histoires tristes me collent au corps, la chanteuse se livre à Vogue sur sa créativité, sa sensibilité mais surtout son processus de reconstruction. L'artiste qui est toujours du côté de la tristesse commence peu à peu à s'extraire des ténèbres pour se laisser porter par le soleil. La poésie aux accents électroniques de Noor dévoile les maux du cœur comme personne avant elle.
Autodidacte et poétesse
Tout commence avec des vacances en famille et de la musique à fond. Image d'épinal digne d'un film. Les premiers souvenirs musicaux de Noor remontent à cet instant précis où les goûts de son père ont déteint sur elle. Depuis longtemps, elle écrit des poèmes laissant l'amour des mots bâtir sa passion future : “Jamais je ne me suis levée un jour en me disant que je voulais être chanteuse. C'était une évidence très jeune, j'écrivais mes poésies, je ne jouais pas à la Barbie mais toute la journée, je voulais trouver des mots qui rimaient” explique-t-elle. Noor découvre aussi le sentiment amoureux et passe par l'écriture pour en explorer ses contours naissants. Après un cursus scolaire traditionnel, elle entre à la prestigieuse Berklee College of Music à l'âge de 20 ans. Là-bas, elle se retrouve avec des élèves qui ont tout·es le même but : réussir dans l'industrie musicale.
La jeune artiste a du mal à s'acclimater : “Je suis quelqu'un d'assez sauvage donc j'étais dans une bulle où je me retrouve d'un coup moi, qui suis juste une fille passionnée par la musique, avec 6 000 personnes qui veulent faire la même chose. Ça m'a fait une bonne angoisse donc je me suis enfermée dans ma chambre du campus”. Entre quatre murs, Noor trouve refuge sur son piano et se forme en autodidacte. Cette année à l'étranger est surtout l'occasion de créer une relation profonde avec un instrument qui l'accompagne encore aujourd'hui : “C'est une liberté d'expression énorme, comme une continuité de ma personne. Au piano, je ne suis jamais seule”. Du côté de ses influences, Noor cite trois artistes ultra-contemporains au carrefour de plusieurs styles musicaux : Bon Iver, Lana Del Rey et Bleachers dont le chanteur Jack Antonoff est l'un des producteurs les plus prolifiques du moment. “Bon Iver a une sorte de pop folk dont je serais toujours fan et il a aussi une voix très touchante. Lana Del Rey c'est plus pour ce qu'elle représente, cette figure de la grande amoureuse écorchée que je pense être aussi. Bleachers est très mélancolique et en même temps c'est ouvert à un espoir, c'est une musique qui me fait beaucoup de bien” précise-t-elle.
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Pourquoi les histoires tristes ?
“J'voulais être toutes les filles du monde, pour que tu ne vives qu’à travers moi, j'ai essayé d'être brune et blonde, j'ai essayé d'être une autre moi-même, je ne serais jamais toutes les filles du monde”. Telles sont les paroles de “Toutes les filles du monde”, un des premiers titres de Noor, sorti en 2022. Depuis, le chemin a été long, sinueux et douloureux pour celle qui traversa une histoire d'amour aux issues incertaines : “J'étais en train de me noyer et là je suis sortie de l'eau, je suis encore trempée et épuisée de ce que j'ai vécu. J'ai traversé l'eau, je suis sauvée et maintenant, je dois me reconstruire. Entre 2022 et ici, ce n'est plus la même Noor. Il y a une vie entre les deux” confie la chanteuse.